Programmation Festival Sonic Bloom 2025 Charte carbone-2025

Sensibles aux enjeux écologiques, ici l’onde conçoit depuis quatre éditions son événement Sonic Bloom comme un laboratoire des transitions écologiques. Comment, à notre échelle, élaborer un format événementiel test pour des formes plus respectueuse de l’environnement et décarbonées ?

Sonic Bloom 2021 : série de concerts en jardins partagés
→ proximité, technique légère, parallèle entre les pratiques artisanales et d’échanges de connaissances

Sonic Bloom 2023 : tournée à vélo le long du canal de Bourgogne autour du projet Jojoni de l’Ensemble 0
→ 220 km de Tonnerre à Saint-Jean-de-Losne pour les musiciens et une partie de l’équipe

Sonic Bloom 2024 : expérimentation zéro carbone avec une charte stricte
→ série de programmations autour de Saint-Jean-de-Losne, pensée dès le départ par le prisme des émissions carbone, calculées au fur et à mesure du festival. Les points de vigilances étaient portés sur : les transports et la logistique, la technique et le matériel, la restauration et la communication
Le bilan est disponible ici.

Sonic Bloom 2025 se veut une rencontre entre les mondes scientifiques et créatifs, autour des questions de biodiversité, d’écoacoustique et de rapport à l’environnement par le sonore. L’un des enjeux de Sonic Bloom, dès sa préparation début 2025, a été de travailler, en partant des lieux ou sites naturels de l’agglomération dijonnaise, aux modalités dans lesquelles nous pourrons les investir, à la fois en les préservant, mais également en sensibilisant les publics et artistes à la richesse et la fragilité des écosystèmes. Comment ? à combien ? à quelles heures du jour ou de la nuit pouvons-nous diffuser ou écouter de la musique et des sons dans ces espaces naturels ? avec quels protocoles de déplacement des artistes ? du matériel ? des publics participants ? La préparation, la programmation, le rythme, les jauges du festival sont fixés après une étude des sites envisagés, réalisée conjointement avec les meilleur·es connaisseur·euses de ces territoires : des spécialistes des faunes et flores issu·es de laboratoires de recherche et d’associations naturalistes.

Charte carbone

Contexte

D’après le Guide d’Orientation et de Transition sortie en janvier 2024 par le Ministère de la Culture, le secteur culturel serait responsable de 2% des émissions de gaz à effet de serre en France, ce qui représente environ 12 millions de tonnes équivalent CO2. Cette unité de mesure établie par Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) permet de comparer les émissions de gaz à effet de serre (GES) entre elles. A titre de comparaison, une tonne d’équivalent CO2 revient à :

  • Parcourir 423 749 km en TGV
  • Cuisiner 1961 repas végétariens
  • Produire 163 t-shirt
  • Fabriquer 32 Smartphones

En 2021, The Shift Project, think thank qui se donne comme mission de répondre aux contraintes carbones, publiait son rapport « Décarbonons la culture ». Ce document expose les gros enjeux énergétiques et climatiques auxquels la culture doit faire face pour concevoir des événements durables, tout en y indiquant les leviers d’actions pour y parvenir. Ainsi, le rapport met l’accent sur 8 grands axes à forte émission de carbone :

  • Le déplacement des festivaliers
  • Le déplacement des artistes
  • Le transport du matériel
  • L’alimentation
  • Les énergies utilisées
  • La logistique
  • Les déchets
  • Les ventes non alimentaires

En juillet 2024, ici l’onde organisait la troisième édition de Sonic Bloom comme une tournée à vélo. Artistes et équipe emportaient avec elles et eux tout le matériel technique pensé en conséquent. L’objectif d’émissions carbone du festival était clair : 0,5 tonne d’équivalent CO2. Après une semaine de concerts de musique expérimentale en Rives de Saône, Sonic Bloom dresse son empreinte environnementale. L’ensemble de la tournée a émit 1,54 tonnes d’équivalents CO2. Même si les émissions en équivalents de gaz à effet de serre du festival ont triplé au regard de nos estimations, le bilan est quand même positif. Dans l’une de ses études, le Shift Project estime qu’un festivalier émet en moyenne 50kg eCO2 dans un festival classique en France. Pour Sonic Bloom, ce chiffre s’élève à 8,8kg eCO2. Un score bien en dessous de la tendance nationale. Les raisons de ces chiffres en dessous de la moyenne nationale sont simples : les programmations artistiques du festival ont été pensées en fonction de ce contexte de laboratoire bas carbone, comme des petites formes, imaginées pour des conditions précises. Des petites jauges de public, peu de signalétique, des installations sobres et des déplacements quasi exclusivement à vélo – environ 200km pour chaque membre de la tournée.

Pour sa quatrième édition, Sonic Bloom se déroulera entre le Jardin de l’Arquebuse et Au Maquis, en interrogeant le spectacle vivant au regard de la préservation de la biodiversité, tout en gardant ses objectifs bas carbone de l’édition précédente. Pendant et après le festival, ici l’onde réutilisera l’outil SEEDS pour calculer les émissions de GES réels qu’a engendré le festival et y détaillera les résultats, tant ses réussites que ses échecs.

Transports et logistique

  • Effectuer tous les déplacements des artistes et de l’équipe du festival à 100% en vélo ou en train.
  • Favoriser le prêt de matériel nécessaire à la logistique, et acheter ce qu’on ne nous prête pas en seconde main (partenariat avec Douze Cycles, prêt ou achat de seconde main de remorques et d’accessoires de vélo par des particuliers, …)
  • Encourager les spectateur.rices à assister aux concerts en vélo en faisant le parcours avec l’équipe de Sonic Bloom ou à effectuer du covoiturage lorsque ce n’est pas possible.
  • Loger les artistes de Sonic Bloom chez l’habitant non un hôtel (une nuit d’hôtel représente environ 10,5kg eCO2, les services de blanchisseries et de ménage pèsent lourd dans les émissions carbones)

Technique et matériel

  • Réduire au maximum les équipements techniques et leur consommation électrique : petites enceintes, consommation électrique inférieure à 500 Watts, pas d’utilisation de lumières autre que pour la sécurité du public.
  • Acheminer tous les équipements techniques en vélo à l’aide des vélos cargos et remorques, ou en train.
  • Fabriquer une signalétique et un instrument de musique avec des matériaux récupérés ou achetés en seconde main.

Restauration

  • Concevoir un catering et restauration public 100% végétarien (qui divise par 10 l’empreinte carbone comparativement à une alimentation à base de bœuf)
  • Utiliser au maximum des produits locaux (-50 km) et de saison.
  • Élaborer des menus équilibrés et adaptés à l’exercice physique produit
  • Revaloriser les restes de nourriture dans d’autres recettes
  • Limiter au maximum les déchets : usage de vaisselle réutilisable, mise en place de poubelles de tri, jeter les déchets organiques dans un composteur, utilisation de gourdes et boites de conservations.
  • Effectuer les courses en vélo (cargo ou remorque)

Communication

  • Imprimer une communication en impression numérique ce qui pollue moins qu’une impression offset.
  • Rationaliser le nombre de tirage pour être sûr de n’imprimer que le nécessaire
  • Diffusion des photos et vidéos en qualité réduite (720p) sur les réseaux sociaux d’ici l’onde.