

Quel bilan de l’empreinte environnementale a posteriori ? – Sonic Bloom 2024
- Contexte
ici l’onde a imaginé Sonic Bloom comme un laboratoire de festival bas carbone : artistes et équipe ont organisé en juillet 2024 une tournée de concert à vélo, remorquant tout le matériel technique et les instruments, depuis Dijon en Rives de Saône, pour jouer tous les jours dans des lieux à moins de 30 km ralliés à vélo. Pour son empreinte carbone, l’équipe du festival a établi et suivi une charte encadrant :
- les transports et la logistique : déplacement doux pour les équipes et les publics, hébergement…
- la technique et le matériel : réduire les besoins techniques, transports à vélo, batterie portative…
- la restauration : repas adaptés aux efforts physiques, végétariens, locaux (-50 km) et de saison…
- la communication : limiter les supports imprimés, sobriété des supports numériques…
Objectif
- 0,50 t CO2eq* // selon la charte
Bilan Sonic Bloom
- 1,54 t CO2eq // 3× l’objectif cible
En comparaison : Souffle 2024
-
- 8,18 t CO2eq // 5,3× le bilan Sonic Bloom
*tonnes équivalent CO2
- Analyse
43 % – Déplacement des équipes et artistes – 669 kg CO2 eq
Sur 20 personnes, 9 se sont déplacées à vélo, 2 en cargos électriques, 1 en scooter électrique, 3 en train, 3 en voiture et 2 en camion. Pour rappel, Sonic Bloom s’est déroulé sur six jours. La gare de Saint-Jean-de-Losne n’étant pas régulièrement desservie, cela n’a pas permis aux équipes organisatrices de faire tous les repérages et rendez-vous préalables au festival en train, et n’a pas permis à certain·es artistes ou associations partenaires d’avoir d’alternative douce pour les transports individuels et techniques.
23 % – Hébergement des équipes – 348 kg CO2 eq
ici l’onde a loué un gite hébergeant 12 personnes pendant une semaine, ce qui est moins polluant qu’un hébergement à l’hôtel. Le reste des équipes a dormi sur place chez l’habitant.
12 % – Consommation énergétique bureaux – 182 kg CO2 eq
Cette consommation calcule l’énergie utilisée lors du temps de travail alloué à la préparation du festival par l’équipe d’ici l’onde dans ses bureaux à Dijon.
12 % – Déplacement du public – 179 kg CO2 eq
Le public est venu à 38 % à vélo, 36 % en voiture, 24 % à pied.
6 % – Restauration – 86 kg CO2 eq
Pendant la semaine, 150 repas végétariens ont été produits à 65 % en agriculture biologique. 80% de ces repas ont été réalisés avec des aliments produits à moins de 50 km de Saint-Jean-de-Losne et 12 % avec des produits à plus de 50 km, mais français. Cette organisation a permis de réduire le bilan carbone de chaque repas par personne de 2,4 kg CO2 eq en moyenne à 1,7 kg CO2 eq.
5 % – Transports techniques – 80 kg CO2 eq
Les besoins techniques relatifs à l’organisation de la dernière date, en marge du passage de la Flamme Olympique, organisée par plusieurs associations et nécessitant des moyens techniques plus importants, ont conduit à la location d’un petit camion de 12 m3 pour acheminer le matériel.
- Conclusions
Les éléments à l’impact positif
- des programmations artistiques pensées pour le festival, en petites formes, transportables à vélo
- des petites jauges de public, et peu de signalétique
- peu de techniques, de bar ou de restauration public
- une majorité des déplacements faits à vélo (environ 200 km pour chaque membre de la tournée sur une semaine)
- des efforts sur les modalités d’alimentation et d’hébergement
Les éléments à l’impact négatif
- un territoire mal ou non desservi par le réseau ferroviaire
- le manque d’alternative durable pour la location et le transport du matériel technique sur le territoire
- un manque de sensibilisation du public sur leurs modes de transport
- l’ampleur de l’événement de clôture, coorganisé et en marge du passage de la Flamme Olympique, difficile à soumettre aux exigences de la charte
Même si les émissions en équivalents de gaz à effet de serre du festival ont triplé au regard de nos objectifs, le bilan est quand même positif et nous permet de tirer des conclusions. Les chiffres du festival, rapportés à la tendance nationale pour un même nombre de public, sont largement inférieurs – selon les chiffres de Shift Project, on estime qu’un festivalier émet en moyenne 50 kg CO2 eq dans un festival classique en France, contre un constat de 8,8 kg CO2 eq pour le festival Sonic Bloom.
Les raisons de ces chiffres en dessous de la moyenne nationale sont simples : les programmations artistiques du festival ont été pensées en fonction de ce contexte de laboratoire bas carbone, comme des petites formes, imaginées pour des conditions précises. Des petites jauges de public, peu de signalétique, des installations sobres et des déplacements quasi exclusivement à vélo – environ 200 km pour chaque membre de la tournée.
L’ampleur de l’événement de clôture, coorganisé et en marge du passage de la Flamme Olympique, n’a pas pu se plier autant aux injonctions de la charte et a participé d’un bilan néanmoins trois fois supérieur aux objectifs initiaux.
Ce laboratoire à petite échelle, dont les protocoles seraient certainement différents dans des contextes festivaliers accueillant des jauges de public plus importantes, a permis de travailler l’ensemble des points de vigilance, de les mesurer et rendre concret l’impact d’une action sur ces différents postes de dépenses carbone.
Quelques points à noter, qui concernent n’importe quel événement sur le territoire :
- La réduction des lignes ferroviaires secondaires ne permet pas de traverser le territoire simplement en train et contraint à utiliser des véhicules plus polluants.
- Le manque d’alternative durable pour le transport du matériel technique et la difficulté parfois de trouver des services sur le territoire contraint également à des dépenses carbone plus importantes.
- Sensibiliser les publics à la question écologique dans leurs pratiques est fondamentale.