

Sensibles aux enjeux écologiques, ici l’onde conçoit depuis quatre éditions son événement Sonic Bloom comme un laboratoire des transitions écologiques. Comment, à notre échelle, élaborer un format événementiel test pour des formes plus respectueuse de l’environnement et décarbonées ?
Sonic Bloom 2021 : série de concerts en jardins partagés
→ proximité, technique légère, parallèle entre les pratiques artisanales et d’échanges de connaissances
Sonic Bloom 2023 : tournée à vélo le long du canal de Bourgogne autour du projet Jojoni de l’Ensemble 0
→ 220 km de Tonnerre à Saint-Jean-de-Losne pour les musiciens et une partie de l’équipe
Sonic Bloom 2024 : expérimentation zéro carbone avec une charte stricte
→ série de programmations autour de Saint-Jean-de-Losne, pensée dès le départ par le prisme des émissions carbone, calculées au fur et à mesure du festival. Les points de vigilances étaient portés sur : les transports et la logistique, la technique et le matériel, la restauration et la communication
Le bilan est disponible ici.
Sonic Bloom 2025 se veut une rencontre entre les mondes scientifiques et créatifs, autour des questions de biodiversité, d’écoacoustique et de rapport à l’environnement par le sonore. L’un des enjeux de Sonic Bloom, dès sa préparation début 2025, a été de travailler, en partant des lieux ou sites naturels de l’agglomération dijonnaise, aux modalités dans lesquelles nous pourrons les investir, à la fois en les préservant, mais également en sensibilisant les publics et artistes à la richesse et la fragilité des écosystèmes. Comment ? à combien ? à quelles heures du jour ou de la nuit pouvons-nous diffuser ou écouter de la musique et des sons dans ces espaces naturels ? avec quels protocoles de déplacement des artistes ? du matériel ? des publics participants ? La préparation, la programmation, le rythme, les jauges du festival sont fixés après une étude des sites envisagés, réalisée conjointement avec les meilleur·es connaisseur·euses de ces territoires : des spécialistes des faunes et flores issu·es de laboratoires de recherche et d’associations naturalistes.
Guide de bonnes pratiques du respect de la biodiversité
S’il est plutôt aisé de trouver des outils pour calculer son empreinte environnementale, il est plus compliqué de trouver comment calculer son impact sur la biodiversité. L’événement qui dérange le moins la biodiversité, c’est bien sûr l’événement qui n’a pas lieu. Mais parce que le but n’est pas de se priver d’art, de culture, de vivre ensemble dans des espaces naturels, l’objectif est donc d’avoir conscience des facteurs de pression sur les ressources et essayer d’éviter quand c’est possible, réduire l’impact lorsqu’il y en a un, et de compenser ensuite. La culture permet également de véhiculer des messages auprès du public, et un événement axé autour des bonnes pratiques et du vivant permet d’ouvrir une discussion et une sensibilisation à la biodiversité de manière poétique.
Qu’est ce que la biodiversité ?
Selon l’Office Français de Biodiversité, le terme biodiversité désigne « l’ensemble des êtres vivants ainsi que les écosystèmes dans lesquels ils vivent. Ce terme comprend également les interactions des espèces entre elles et avec leurs milieux. »
Pourquoi faut-il la préserver ?
Préserver la biodiversité est un devoir. Elle est une partie intégrante de notre quotidien, il est indispensable d’en prendre soin. Aujourd’hui, 2 millions d’espèces ont été inventoriées, mais on estime qu’il en existe entre 8 et 20 millions. Chaque disparition d’espèce compromet les équilibres naturels. Toutes ces espèces contribuent à l’équilibre de la vie sur terre parce que toute cette biodiversité produit notre oxygène, assure une eau de qualité, constitue la base de notre alimentation et contribue à réguler le climat.
Quelles sont les principales menaces ?
L’activité humaine est quasiment entièrement responsable de la disparition de la biodiversité. Il existe 5 pressions responsable de son effondrement : la destruction et l’artificialisation des espaces naturels, la surexploitation des ressources naturelles, le changement climatique global, la pollution des océans, eaux douces, sols et air et l’introduction d’espèces exotiques envahissantes. Ces changements ont d’ores et déjà un impact sur nos écosystèmes. D’après l’office français de la biodiversité :
- 30% des oiseaux des champs ont disparu en France en 15 ans.
- Dans les prochaines décennies, 1 million d’espèces animales et végétales sont susceptibles de disparaître.
- 40% des amphibiens risquent bientôt de disparaître de la terre.
- 40% des espèces d’insectes sont en déclin au niveau mondial alors que 3/4 des cultures alimentaires en Europe en dépendent.
Quel impact de la culture dans tout ça ?
Les festivals ou grosses manifestations culturelles en extérieur ont un fort impact sur la biodiversité. La présence de public a donc de fortes répercussions sur ces espaces naturels. À titre d’exemple, la pollution sonore modifie le comportements des oiseaux, perturbe la recherche de nourriture, affecte la reproduction, augmente le taux de stress, modifie les parcours migratoire. La lumière artificielle trouble les insectes et les oiseaux ce qui en fait la deuxième cause d’extinction des espèces après les pesticides, et les projecteurs pour les concerts n’épargnent pas ces petites bêtes.
Afin d’être le plus respectueux·ses possible du vivant, ici l’onde souhaite :
- Encourager les publics, artistes et équipes techniques aux rendez-vous Sonic Bloom en mobilité douce et transports en commun.
- Limiter les nuisances sonores pour la biodiversité en adaptant le volume, en orientant les enceintes différemment, en choisissant des formes artistiques adaptées au respect des enjeux liées à la biodiversité.
- Éclairer les espaces occupés de manière à ne pas déranger la vie nocturne de la faune, en se contentant d’un éclairage indispensable à la sécurité du public, en évitant les éclairages orientés dans le ciel ou dans des espaces boisés, ainsi que les lumières bleues qui troublent davantage l’écosystème local.
- Baliser les espaces où le public peut librement se mouvoir afin de préserver certaines zones de piétinements favorisant l’érosion et la compaction de sols, tout en laissant un passage en lisière pour permettre à des espèces sensibles de partir temporairement pour revenir une fois le calme revenu.
- Garantir la propreté du site naturel au moment de sa restitution : pas de pollution au sol, dans le canal et dans l’Ouche (plastique, flyer, mégots…), veille à ce que les usagers·ères n’urinent pas n’importe où.
- Sensibiliser l’ensemble des parties prenantes à la préservation des sites naturels, aux enjeux et actions de conservation du patrimoine naturel en accueillant chercheur·euses, naturalistes, associations spécialistes de la biodiversité sur des stands et temps de conférence.
Les actions concrètes :
- Ne pas applaudir, privilégier les applaudissements sans bruits.
- Diffuser de la musique ou des sons à un niveau de fréquence qui perturbe le moins possible la faune existante.
- Apprendre à connaître la faune et la flore habitant, notamment les espèces protégées, dans le lieu en pleine air où se déroule la manifestation culturelle.Inviter des naturalistes lors de l’événement pour sensibiliser les publics à la biodiversité.
- Ne pas éclairer le ciel, les arbres, les haies mais seulement les chemins balisés et les emplacements utilisés pour les installations sonores et les concerts.
- Transports du matériel technique en mobilité douce.
- Déplacement de l’équipe exclusivement en mobilité douce.
- Concevoir un catering (repas) et une restauration public 100% végétariens